Le carrousel des ombres

« Je me rappelle avec nostalgie la taïga sibérienne, la neige et le silence, et les petits skits de vieux ermites perdus au fond de la forêt, dans le noir ; ces humbles abris où, avec l'aide d'un peu de thé fumé, la chaleur d'un vieux poêle, le bois souple d'un banc de mélèze, un sourire fraternel, je goûtais la saveur d'une vraie solitude...

« Le sens-tu, cet instant perpétuel qui est d'avant la lumière, cet instant qui ne fuit pas, cet instant d'avant, juste d'avant la lumière du monde ? Cet instant est un éternel présent aux tonalités infinies, la seule présence réelle de la vie véritable, celle d'avant la lumière du monde, de la conscience de soi. »

Exilé au fond de lui-même, abandonné de tous, le narrateur du Carrousel des ombres file vers la Sibérie orientale. Au cours de son errance, il tente de déchiffrer l'énigme qui le hante et va croiser l'ombre maléfique du baron Ungern, ce Russe blanc possédé et exterminateur qui fascina pourtant Hugo Pratt et son double Corto Maltese. De ce galop de feu vers l'immensité, la cruauté, il ne faut attendre ni exotisme ni salut, mais une confrontation avec les âmes noires et l'inaccessible vérité.