Le château de nulle part

«Tandis que je rangeais mes affaires, je fis part à Monsieur S. de notre invitation au château pour le samedi suivant. Il me dit que nous avions bien de la chance et qu'il eût aimé avoir notre âge et se trouver à notre place.

Il pointa l'index en direction du Grand Meaulnes qui avait repris sa place dans la bibliothèque, et, de mémoire, déroula cette phrase si simple, si lumineuse, qui débute la seconde partie de La Fête Étrange: «C'était, dans une grande salle au plafond bas, un repas comme ceux que l'on offre, la veille des noces de campagne, aux parents qui sont venus de très loin...»

Il conclut:

- Ce sont d'éternelles noces que nous a offertes Alain-Fournier!

Après bien des années, l'image de cet homme est toujours présente en moi. Plus que le savoir, elle symbolise le goût des choses supérieures de l'esprit, la sagesse et cette force rémanente qu'enveloppe la beauté.

Je devais mesurer par la suite l'importance de ces rencontres, comme autant de graines semées et destinées à germer dans la terre meuble de ma jeune conscience.»

Illustration de couverture: Françoise Coulon.