Le cobra et la mangouste

Marc-Olivier Cayre a écrit 12 pièces de théâtre, en a mis 65 en scène et interprété 111. C'est un excellent auteur dramatique, un remarquable metteur en scène et un prodigieux acteur. Je demande, à ceux qui liront Le cobra et la mangouste, de réaliser le tour de force qu'à été la composition dans une même pièce de quatre rôles aussi différents qu'un commis voyageur, une vieille dame genre XVI^e arrondissement, un croque-mort de campagne et un inspecteur de police insidieux. Les spectateurs privilégiés qui ont pu assister aux trente représentations du «Sudden Théâtre» étaient chaque soir stupéfaits des métamorphoses auxquelles Marc-Olivier Cayre parvenait entre chaque tableau en moins de vingt secondes, car non seulement il changeait complètement de vêtements et de maquillages, mais il modifiait totalement sa gestique, le son de sa voix et la modulation de ses intonations. Les quatre personnages totalement dissemblables qu'il campait n'avaient en commun qu'un seul point, mais capital, ils étaient d'une irrésistible drôlerie.

J'espère que cette pièce sera rapidement reprise afin que vous puissiez venir la savourer. C'est une comédie policière qui prend un relief particulier grâce au jeu subtil de John Houliat, gigolo inquiété-inquiétant, et à la participation de deux acteurs implicites mais d'une importance capitale : Jean-Sébastien Bach et Dostoïevski.

En attendant de revoir ce curieux et passionnant spectacle sur un nouveau plateau, je souhaite que vous ayez assez d'imagination et de talent pour en faire une divertissante lecture.

Loris Talmart