Le Demosterion

La doctrine du médecin suisse Theophrast Bombast von Hohenheim, dit Paracelse, se répand à travers l'Europe dès les années 1560. En 1578 est publié à Rennes un des ouvrages clés de ce courant : Le Demosterion de Roch Le Baillif (1540 ? - 1598). Pour la première fois, les principales idées médicales de Paracelse, traduites en français, trouvaient une formulation pratique. Aussitôt attaqué par la Faculté de médecine de Paris où l'auteur s'était installé, il fit grand fracas dans le monde des clercs, puis la littérature en garda mémoire (Noël du Fail, André Thévet, Nicolas de Cholières...). Jamais réédité, ce « sommaire » du paracelsisme tient à la fois du manuel de vulgarisation et du manifeste anti-galénique. Cette édition, pourvue d'un abondant appareil de notes mettant notamment en lumière sa forte complexité intertextuelle, permet de mieux apprécier l'étendue d'un champ de savoir, les croisements entre disciplines mais aussi l'ambition de ceux qui, comme Roch Le Baillif, partageant une ardente foi en ses vertus diffusaient un savoir appelé à jouer un rôle non négligeable dans l'histoire des sciences à l'époque classique, voire au-delà. Le Demosterion illustre ainsi la vigueur d'un défi intellectuel et diverses contradictions inhérentes à une entreprise novatrice en cette fin du siècle de l'humanisme.