Le désir rôde

Comme, tout en mangeant, l'homme se plongeait dans la lecture d'un magazine illustré, Saunders pouvait, tout à son aise, détailler sa compagne. Elle appartenait à ce genre de femmes qui, épousant avant tout un compte en banque, se trouvent, une fois mariées, privées de toute nourriture chamelle. Le mari, déjà sur le retour, accaparé par ses affaires, torturé peut-être par son ulcère à l'estomac, se révélant incapable de les satisfaire amoureusement, elles se mettent alors en quête d'aventures souvent passagères, mais toujours fort agréables, vu leur faim, pour l'amant choisi. Saunders connaissait bien ce genre de femme, et il savait comment les entreprendre.

Déjà, leurs yeux s'étaient rencontrés et des sourires avaient été échangés. Alors, par dessous la table, le pied de Saunders partit en exploration. Si le pied qu'il cherchait se refusait, il aurait toujours la ressource de s'excuser. Mais le pied ne se refusa pas et, au contraire, se pressa contre le sien, tandis qu'un mollet tiède s'accolait à sa jambe.

S'assurant que le mari demeurait plongé dans sa lecture, John glissa une main sous la table et caressa un genou poli comme l'ivoire, puis la naissance d'une cuisse ronde et ferme. Il eût voulu aller plus loin, sentant le consentement de la femme, mais il ne pouvait s'y risquer sans attirer l'attention. Alors, il se débarrassa d'un de ses mocassins qui le chaussaient et son pied, s'insérant entre les cuisses ouvertes de la femme, gagna, sous la robe, les profondeurs secrètes, dont la torride chaleur le gagna aussitôt.