Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 272 pages
Poids : 370 g
Dimensions : 14cm X 22cm
EAN : 9782747543200
Le double langage de l'architecture
Quatrième de couverture
L'architecture a un double langage en ce qu'elle dit les formes et laisse entrevoir les forces qui les animent.
Les formes sont elles-mêmes ambiguës, que ce soit celles de matériaux, souvent trompeuses, ou des éléments architecturaux tels que les seuils, les portes et généralement les ouvertures, qui participent de deux mondes, respectivement intérieur et extérieur.
L'édifice apparaît assailli par les forces qui s'affrontent en lui: la gravité tend à le maintenir à l'horizontale cependant que les forces cosmiques, réelles ou imaginaires, voudraient l'emporter vers la verticale. Surtout le bâtiment crée, en lui et autour de lui, des espaces vides que la nature, qui les a en horreur, ne cesse de remplir.
L'espace de l'architecture aspire en lui, par la force dépressionnaire que son vide suscite, à la fois l'homme en quête d'un abri stable et lisible, et le monde extérieur dont la vue, le bruit, les odeurs s'insinuent à l'intérieur par des ouvertures qui ne sont jamais étanches.
Cependant à peine l'homme a-t-il été attiré à l'intérieur de l'édifice par des techniques de l'illusion, comme le trompe-l'oeil ou le camouflage, que ces mêmes procédés sont mis en oeuvre à des fins diamétralement opposées qui tendent cette fois à leurrer le sujet vers la liberté des grands espaces.
En définitive, face à l'objet architecture l'homme peut adopter deux attitudes bien distinctes. Il peut le regarder comme un tableau ou comme un écran de cinéma. Il peut au contraire participer à son dynamisme. Dans le premier cas le temps sera perçu - comme de la rive du fleuve - pour être, dans la seconde éventualité, vécu comme à bord du bateau qu'il entraîne. L'expérience nous enseigne que le temps simplement perçu s'amortit vite, pour finir par s'immobiliser, tandis que le temps vécu s'accélère au rythme des affects auquel il est lié. Finalement le sujet qui éprouve une suite de temps perçus et de temps vécus, c'est-à-dire de mouvements et d'immobilités, est ainsi à même d'appréhender l'idée d'un temps dont le mouvement, découpé sur un fond immobile, est devenu perceptible.