Le goût de l'archive

Les archives... Nous avons tous en tête l’image de liasses épaisses et poussiéreuses, un peu jaunies, fragilisées par le temps... Devant elles, une personne, assise à une table, qui chausse ses lunettes, peut-être des gants, et qui se met à lire. La table est en bois simple et la personne a les cheveux grisonnants –et sans doute une veste de velours côtelée.
De cette image d'Epinal, Arlette Farge nous propose une lecture plus précise et plus exacte, et nous donne presque envie d’enfiler veste et lunettes pour se plonger dans un tas de papiers jaunis !
 
Une fois le tas lu, que fait-on ? Comment rendre un peu de présent à ces petits éclats de vie passés que l’on a vus briller ? Et au fait, comment lit-on ces liasses d’archives ; comme un roman ? Sûrement pas. Comme un livre d’histoire ? Encore moins. Comme des témoignages ? Peut-être, mais pas exactement...
 
Ce petit texte est une pépite, qui nous plonge en douceur au cœur du métier d’historien. Entrecoupé de passages hilarants sur le quotidien d’une salle de lecture –silence qui exacerbe les petits gestes (et se racler la gorge devient une déclaration de guerre), dédale des systèmes de fiches dans lequel le novice se perd immanquablement, ...- ce livre est avant tout une exploration passionnante des enjeux de l’écriture de l’histoire. Où l’on comprend vite que ce qui se joue dans le calme de ces écrits poussiéreux, est une certaine conception de l’être humain.