Le Grand flot

Fin 1847 : les "compagnons de rivière" de Clamecy (Nièvre) et de sa région attendent impatiemment le grand flot. Après avoir dérivé, par millions, sur le cours supérieur de l'Yonne, les bûches seront assemblées en gigantesques radeaux que les hommes guideront sur le fleuve vers Paris que le Morvan nourrit en bois de chauffage.

Juste Bourdon est l'un de ces hommes : flotteur et gagne-misère !

A l'aube de la Révolution de février 1848, ce qu'il redoute, ce ne sont pas les dangers de son métier, c'est le chômage. Ce qu'il ose réclamer, c'est le droit au travail. Quelle audace !

Juste Bourdon s'engage auprès de ceux qui luttent pour l'avènement d'une République sociale. Le miracle, soudain, se réaliserait-il ? La monarchie bourgeoise est balayée, mais les bourgeois guettent : la République est proclamée, mais les premières élections au suffrage universel débouchent sur le massacre des ouvriers parisiens, en juin 1848. C'est le grand flot de la colère.

Bientôt, Napoléon III percera sous le prince-président. Et avec le coup d'Etat du 2 décembre 1851, c'en sera fait de la République. A ce coup de grâce, les flotteurs de Clamecy répondent par une résistance désespérée.

Juste Bourdon, emporté par le grand flot de l'amertume, devient le héros pathétique d'un combat inégal, le martyre d'un socialisme balbutiant, sentimental mais généreux. Le destin de cet homme, que nous suivons sur le chemin de sa tragédie, de la Bastille à l'Ile du Diable, est exemplaire. Il est un encouragement à ne jamais céder à la résignation, une incitation à lutter obstinément pour que les hommes, partout, aient tous un égal droit de vivre.

Cet émouvant roman, passionnante reconstitution historique basée sur des faits authentiques, fait revivre devant nous les traditions et les décors oubliés d'une époque qui révèle soudain les singulières parentés qui la lient à notre temps.