Le jardin botanique de Rochefort

Aventure exaltante que celle du jardin de Rochefort : il se situe au confluent des grandes expéditions maritimes et de l'évolution conceptuelle de la science botanique. Dès la fin du XVII^e siècle, une sorte de «mondialisation» des plantes s'empare des esprits : en Angleterre, en Hollande, en France, c'est à qui rapportera de ses navigations autour du monde le plus grand nombre de spécimens nouveaux, c'est à qui trouvera la meilleure classification scientifique des espèces ainsi découvertes.

L'organisation en revient au système des «jardins du roi» que dirige celui de Paris (qui deviendra le Jardin des plantes) : à travers les circumnavigations qui durent quelquefois plusieurs années, se met en œuvre un grand transfert de plantes et d'informations scientifiques ; entre le Pacifique et l'Amérique, entre colonies et métropole, Rochefort joue le rôle de plaque tournante. C'est de son port que partent les expéditions, c'est son jardin botanique, attaché à son école de médecine, qu'elles alimentent en plants de toute sorte, ce sont ses personnels, marins, médecins et pharmaciens, qui portent l'entreprise.

Les pérégrinations du café ou du fameux arbre à pains qui devait sauver les Antilles de leur disette chronique, plus bien sûr celle du bégonia dont Rochefort est devenue la capitale mondiale, trament cette histoire du jardin botanique ; de même les enjeux politiques et maritimes, en cette période de constitution des grands empires coloniaux. Les portraits des principaux acteurs sont également passionnants à découvrir : l'intendant Bégon qui, le premier, a l'intuition de la vocation de Rochefort comme réceptacle des mers du sud ; les Cochon-Dupuy, père et fils, qui fondent le jardin botanique ; Bobe-Moreau et Lesson qui s'en disputent vivement la responsabilité ou encore le jardinier Lahaie qui l'entretient avec passion. Sans oublier bien sûr les héros des expéditions maritimes : Clieux, Bougainville, Entrecasteaux, Philibert, Baudin, Freycinet, Duperrey ou Dumont d'Urville.

Une part de la légende charentaise provient du jardin botanique de Rochefort : son penchant pour l'exotisme. Ce livre en fixe l'origine.