Le palais oriental de Joseph Jullien dit Cochard

Sous le règne de Napoléon III, le mouvement de l'orientalisme est largement relayé par les artistes voyageurs. Il fait rêver jusque dans les campagnes et son influence s'accroît encore après la première Exposition universelle organisée à Paris en 1855. Si la génération des artistes romantiques se sent mal à l'aise dans un siècle qui ne répond pas à sa soif d'absolu, la situation économique crée un climat favorable à l'entreprise individuelle. Elle favorise l'accession à la bonne bourgeoisie d'un homme audacieux issu du peuple.

Grenoble est une ville de garnison, mais c'est aussi la capitale du gant, et elle est en pleine expansion. Le sieur Joseph Jullien dit Cochard, qui a épousé en secondes noces une femme riche, ressent le besoin de concrétiser son rêve d'exotisme et d'afficher sa réussite en faisant construire un palais oriental dans une belle propriété, aux multiples fontaines, aux portes de Grenoble à Saint-Martin-le-Vinoux. Grâce à Louis Vicat, inventeur du ciment artificiel qui a laissé libre son brevet, de nombreuses cimenteries se créent et profitent de la richesse du sol des montagnes environnantes.

Le ciment est alors utilisé comme liant, mais aussi pour fabriquer des ornements de façades. Joseph Jullien Cochard, conseillé par son maître d'oeuvre Aimé Milly dit Brionnet, ose miser sa fortune en faisant le choix complètement novateur d'une construction en ciment moulé. Va-t-il réussir son pari ?