Le passage chinois

Le passage chinois

Il m'a fallu un corps, une chair désirée, un appel fervent de tendresse pour que s'ouvre en moi l'espace à la fois vide et réservé, tout neuf et qui m'élargissait, où la Chine s'est imposée. J'ai respiré sur votre peau l'odeur du sol des Ts'in, éprouvé sa saveur sucrée, comme j'allais découvrir dans les reliefs et les creux de votre présence ses montagnes et ses vallées.

Deux êtres se trouvent, c'est la rencontre de deux mondes, de deux plaques d'espaces-temps. Déjà, dans les nouvelles d'À travers les étés (Prix Prométhée de la nouvelle en 2009), Marie Larrey en avait raconté d'imprévisibles effets. Le Passage chinois figure la dérive des civilisations par celle des coeurs et réciproquement, mais à travers un moment vacant de la vie d'une femme à l'aube de la vieillesse à laquelle le corps fait obstacle depuis l'enfance, et que le désir ouvre, dans l'attente, aux rêves sensuels de la Chine et de l'Europe enchevêtrés. En forme de ralenti de rencontres, ce roman de l'absence de l'autre et de l'absence à soi en dit les souffrances et la grâce.