Le petit gaulliste

Il a treize ans et vit une adolescence tranquille à Colombey-les-Deux-Eglises, dans la maison mitoyenne de "La Boisserie". Mais un beau jour de l'été 1963, parce que sa mère s'est amourachée d'un certain Lesaucier - lunettes fumées, dégaine de barbouze - qui a longtemps roulé sa bosse en Algérie, les voici qui s'envolent pour Oran et qui s'installent comme "coopérants techniques" dans les pénates encore tièdes des pieds-noirs rapatriés. Commence alors une année pleine de dangers, d'espérances et de péripéties diverses.

Au lycée, le Petit Gaulliste échappe à la hargne revancharde de ses condisciples algériens en se vantant de ses liens privilégiés avec son voisin le Grand Charles, leur héros, celui qui a "niqué les pieds-noirs"...

Lesaucier a des ambitions dans le commerce. Hélas, le "socialisme spécifique" est de rigueur. L'ancien membre de l'OAS embauche un comptable véreux, s'acoquine avec des fonctionnaires corrompus et se lance dans des combines toujours plus suspectes...

Du haut de ses treize ans, le Petit Gaulliste observe, décrypte les conversations des adultes, s'initie aux affaires de sexe, d'argent, de prévarication. Il croit en savoir long. Ce qui lui échappe, il l'imagine dans son franc-parler savoureux, épicé de quelques mots arabes fraîchement cueillis.

Drôle, tendre et mordant, le roman d'Alain Lorne raconte les commencements de l'Algérie actuelle, et les aventures d'une famille "rafistolée" qui, telle la France de l'époque, se cherche un destin entre la nostalgie colonialiste et l'obsédante, l'incontournable grandeur gaullienne.