Le procès de Kimpa Vita

Kimpa Vita ou Ndona (Dona) Béatrice du Kongo ressemble étrangement à Jeanne d'Arc la Lorraine. Toutes deux sont un mystère fluctuant entre ombre et lumière, excitant l'imaginaire. Pourtant, leur existence est bien enracinée dans l'Histoire nationale.

A des époques différentes et en des lieux forts distants, les deux jeunes pucelles investies d'une "Mission sacrée" ont voulu "remédier aux malheurs du Royaume" (selon G. Balandier). Elle se sont impliquées corps et âme dans la Libération du Peuple et ce jusqu'au sacrifice suprême. Toutes deux mues par une foi mystique ont guerroyé contre l'oppression et l'injustice, pour être finalement arrêtées, emprisonnées, jugées et condamnées au bûcher. Leur conduite de "Saintes" leur a voulu l'adoration populaire puis la sanctification tardive de l'Eglise Catholique et la figuration en images d'Epinal dans les livres d'Histoire de France ou des trois pays se partageant le territoire des Bakongo

Mais interpréter Kimpa Vita du Kongo à l'aune de la Jeanne de France risque de masquer la spécificité de la martyre congolaise, en particulier le mythe englobant qui échappe au raisonnement européen.

L'auteur s'est penché sur le jugement du roi de Kongo encadré par les ordonnances du Portugal et de l'Eglise pour laquelle Kimpa Vita-Ndona Béatrice n'était qu'une hérétique, une "prêtresse féticheuse, démoniaque". Il a ainsi l'occasion d'analyser le droit pénal de l'époque.