Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 521 pages
Poids : 1018 g
Dimensions : 17cm X 24cm
ISBN : 978-2-36199-436-5
EAN : 9782361994365
Le réveil des coeurs
journal de voyage du frère morave Fries (1761-1762)
Quatrième de couverture
Le journal passionnant et passionné d'un frère morave
Le 13 janvier 1761, un apothicaire de Montbéliard présente son passeport au poste-frontière de Collonges (aujourd'hui dans l'Ain). Sous cette couverture de clandestin, voyage un ancien pasteur luthérien ayant rejoint l'Église des frères moraves, Pierre Conrad Fries. Envoyé pour « réveiller les coeurs » des protestants français sous la Croix, il parcourt le sud du pays, des Cévennes au Poitou, séjournant longuement à Lyon, Marseille, Nîmes, Alès, Montpellier, Montauban, Nérac, Orthez, Bordeaux, Tonneins, Arvert, Gémozac, Jarnac, Melle et Saint-Maixent... Il est reçu par de multiples familles huguenotes et nombre d'anciens qui le protègent, participe à de nombreuses assemblées au Désert et, pendant deux mois, officie en Saintonge à la place d'un collègue malade..
Observateur d'une rare finesse, nourrie à la fois du piétisme morave et de l'esprit des Lumières, il dresse des portraits saisissants de ses rencontres, notamment ceux de pasteurs comme Paul Rabaut ou les frères Gibert... Il termine son journal par ces mots désabusés : « Tout est triste dans le pays d'où je sors : j'ai vu le mal de cette pauvre nation que j'ai visitée, j'en ai parlé au Sauveur, j'en ai pleuré... »
Ses cahiers que Jean-Paul Chabrol, dans sa préface, compare à un « road movie spirituel », se révèlent une source inestimable concernant la vie sociale et religieuse des protestants français au moment des derniers soubresauts de la persécution (le pasteur Rochette, le marchand Calas), quelques mois avant la publication par Voltaire de son Traité sur la tolérance.
Cet inédit est présenté et annoté par deux historiens genevois, Dieter et Heidi Gembicki ; ils en tirent une analyse qui éclaire de façon lumineuse le voyage du frère Fries, tout en le resituant dans l'histoire intellectuelle et religieuse de l'Europe.
Extraits
18 juillet 1761 :
La difficulté fut de sortir de la maison où nous étions sans nous faire voir parce que c'était en plein jour. - Nous convînmes que je passerais à travers les murs de la ville. Ayant pris cordialement congé de M. Lacoste et de sa famille, je partis avec deux dames qui me conduisirent et qui me tendirent une échelle dont je me servis pour monter sur une muraille, d'où étant descendu, je trouvai une autre dame qui me fit passer à travers sa maison pour aller joindre un ancien qui m'attendait avec deux chevaux... (Béarn)
13 novembre 1761 :
Il me répondit qu'il ne savait de quoi je lui parlais : je lui demandai s'il n'avait pas été lié d'amitié avec le sieur Michelin et s'il n'avait pas vu chez lui un garçon perruquier qui lui avait parlé de religion. Alors, me faisant signe de la main de prendre garde à moi, il me fit entrer dans son cabinet d'où il congédia un homme qui lui demandait un avis de droit, et il me dit d'abord que j'étais bien hardi, que je risquais ma vie de me produire dans cette ville, vu que je serais un homme perdu si j'étais connu. (Saint-Maixent)
14 juillet 1762
Hélas ! quand je pense à tout mon travail et que je me demande quel succès ont eu mes voyages, s'ils ont contribué à l'avancement de la gloire du Sauveur ? Je n'ai guère de réponse satisfaisante à me faire. Mais je suis entièrement assuré que le cher Sauveur m'est propice et qu'il me pardonne toutes mes fautes. - Au surplus tout est triste dans le pays d'où je sors : j'ai vu le mal de cette pauvre nation que j'ai visitée, j'en ai parlé au Sauveur, j'en ai pleuré et j'en pleure à ses pieds, le suppliant de la visiter lui-même dans sa grâce : et ma seule consolation, c'est la confiance que j'ai en sa charité qui ne permettra pas que mes larmes soient perdues.