Le Ripault et les explosifs

Si l'on cherchait un indicateur de l'intensité du lien unissant la Poudrerie du Ripault à son environnement, nul doute que la ferveur des cérémonies de commémoration de l'explosion du 18 octobre 1943 constituerait un candidat pertinent. Le souvenir de ce drame, aussi marquant fût-il pour les contemporains de l'explosion et pour les parents ou amis des nombreuses victimes, représente également, au-delà de l'événement, un premier pas dans la découverte de l'histoire du site. Quelques passionnés, pour la plupart anciens de la Poudrerie ou du CEA, ont investi beaucoup de leur temps dans la reconstitution de cette histoire. Il manquait toutefois jusqu'à ce jour un document de synthèse retraçant, depuis sa création, la vie du Ripault au cours des deux derniers siècles. Cette lacune est désormais comblée par l'ouvrage d'Agathe Guénand.

Ces « 176 ans d'histoires poudrières au bord de l'Indre » sont le fruit d'un patient travail de collecte d'informations et de documents ordonnés avec une véritable compétence d'historienne. Le lecteur y découvrira le quotidien de l'activité des femmes et hommes qui ont élevé le Ripault au rang de grand site industriel et poudrier. Chacun pourra aussi mesurer l'implication et la place occupée par le Ripault dans les événements d'envergure nationale qui ont émaillé l'histoire française. Avec son style fluide, Agathe Guénand nous conduit ainsi à travers les années, depuis l'acquisition des terrains par l'illustre Antoine Laurent de Lavoisier en 1786, jusqu'à ce jour de 1959 où le ministre des Armées décidait la fermeture du site. Gageons que ce parcours initiatique constituera pour beaucoup, dans la région montoise, une aide précieuse dans la recherche de ses racines.