Le rouge, le rose

Parce qu'un soir, Ingrid Caven lui demande d'adapter pour elle, en français, trois textes de Rainer Werner Fassbinder, Pierre Philippe fait, tardivement, son entrée dans la chanson. Cela continue avec cinq albums pour un Jean Guidoni qui trouve en lui son auteur d'élection; cela se poursuit avec la rencontre de Juliette à qui Pierre Philippe offre, en vingt textes, un marchepied pour la gloire. Cela s'épanouit avec la collaboration du parolier et de l'un des musiciens les plus inventifs du vingtième siècle, Astor Piazzolla : une vingtaine de chansons en commun et un opéra - Gardel - que la mort du compositeur laisse inachevé.
Malgré cela, et quelques autres aventures, Pierre Philippe refuse le titre d'auteur de chansons. Il prétend, non sans coquetterie, s'être prêté au jeu par un simple besoin de s'ébrouer loin de son occupation essentielle : le cinéma. la télévision, l'image en général, domaine où il n'a pas manqué de puiser une partie de son inspiration.
Volonté de modestie qui n'empêche pas ce farouche dilettante d'avoir construit, à sa surprise, une manière d'œuvre où se fait entendre une voix dissonante dans le concert de la chanson française. Petite voix, sans doute, et production réduite : à peine 100 titres ici rassemblés pour la première fois dans leur singularité.