Le silence des mères

Fille : Regarde ce que j'ai là.

(Elle sort deux « merveilleux » et deux cuillers)

Mère : Tu crois que je peux ! Oh là, là, il ne fallait pas me faire ça. Même si je ne peux pas, c'est trop dur de résister, c'est plus dur que de supporter la douleur...

Fille : La douleur ? Quelle douleur ? Tu as mal ? Tu vois que tu as mal...

Mère : La douleur ? J'ai dit douleur, moi ? Résister à ça ! Voilà qui serait une douleur !

Fille : Hier il m'est arrivé une chose... étrange. Je repassais la huitième chemisette des gamins et... tout à coup je me suis dit que... je ne t'avais jamais demandé pourquoi... tu m'avais voulue. Et juste au moment où j'ai pensé ça, Christophe est arrivé avec son cahier tout raturé, et de but en blanc m'a demandé pourquoi son père et moi avions voulu des enfants. J'étais toute remuée. Je l'ai regardé sans rien dire. Il a ajouté que c'était le sujet de la rédaction qu'il devait terminer pour le lendemain.

Une mère et une fille. Elles sont toutes deux atteintes d'un cancer. La mère ne le sait pas, elle parle beaucoup. La fille le sait et se tait. Dans un chassé-croisé inéluctable, elles se retrouvent tour à tour patiente et visiteuse dans le même hôpital, dans la même chambre peut-être...

La fille meurt la première, sans rien dire de ses souffrances physiques et morales, ni de son immense soif d'amour. Quant à la mère, au moment où ses forces diminuent, elle reçoit une visite aussi bouleversante qu'inattendue...

Une pièce qui met en jeu des rapports humains d'une grande intensité et des émotions à fleur de peau.