Le temps des naufrages

«De plus en plus rares sont, aujourd'hui, les intellectuels qui prennent le risque de dire ouvertement "non" aux conformismes bêlants et aux terrorismes grognants des chapelles de l'intelligentsia (sic) et plus singuliers encore - on n'est jamais trop prudent - ceux qui osent leur déclarer la guerre. Quand un artiste, que rien n'oblige à le faire, et qui pourrait tout aussi bien s'enfermer avec ses crayons et ses pinceaux dans la tour ivoirée de son art, saisit la plume pour braver les nouveaux "bien pensants", il convient donc de le saluer très bas.

Le Journal de Michel Ciry m'apparaît aussi important que son œuvre de peintre ou de graveur car il en est le complément naturel, inséparable.

Depuis la mort de Maurice de Vlaminck nous n'aurons eu que Michel Ciry comme valable représentant de cette étrange espèce qu'est celle des peintres écrivains. C'est déjà beaucoup.

Enveloppés dans la robe noire de Tartuffe, que lui reprochent ceux qui l'attaquent (mais jamais de front) ? de manquer à la charité chrétienne. On faisait souvent le même grief à François Mauriac. C'est donc un excellent signe.»

Tel s'exprimait Michel Droit qui, lui aussi, n'hésita jamais à rompre des lances quand l'exigeait la défense de l'authenticité. Il va de soi que de se conduire de la sorte, présente de grands risques (ils peuvent être mortels) mais, tout, dans l'existence, étant question de choix, il importe de faire le bon, quoi qu'il en puisse parfois coûter. Question d'honneur.