Le Vent dans ma poche

Lorsqu'elle revient en Chine, c'est un pèlerinage à la source d'une moitié d'elle-même que Han Suyin accomplit, la moitié qui compte le plus, dit-elle. Avec le récit de ses récentes aventures au pays de son père, elle nous offre une véritable anatomie de la Chine d'aujourd'hui. Délicat et précis, son scalpel sait impitoyablement déceler les tumeurs sous les chairs apparemment saines, et aussi ce qui peut être sauvé malgré les diagnostics pessimistes. Les événements ne sont plus vus à travers la lorgnette déformante de l'Occident ni perçus en fonction de clivages politiques mais vécus comme ils le sont par un milliard de Chinois sous le joug d'un système communiste qui sera peut-être le dernier à résister, avec ou malgré son art de conjuguer Mao et Confucius, et ses tentatives de s'initier - par soubresauts - au pragmatisme occidental et à ses modes.

Une Chine mal connue que Han Suyin, à sa manière inimitable, nous rend proche à travers les dirigeants, les paysans, les étudiants et les intellectuels dont elle a partagé, depuis 1976 et la mort de Zhou En-lai, les hivers d'attente et les printemps de drames, les vents du changement et les contradictions, sans oublier les embellies multiples nées du courage des humbles.