Leçons de mise en scène

Aucun cinéaste sans doute n'a marqué aussi durablement la pratique et la théorie du cinéma que Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein. On connaît moins, en général, l'importance énorme qu'eut pour lui, à toutes les époques de sa vie, l'enseignement du cinéma. Nommé professeur à l'institut cinématographique d'Etat dès 1928, Eisenstein le restera jusqu'à sa mort en 1948, ne s'interrompant que pour le tournage et le montage de ses films. C'est donc une part capitale de son apport théorique que nous livrent ces sténogrammes de quelques-uns de ses cours, méticuleusement reproduits (y compris les schémas qu'il esquissait au tableau) par Vladimir Nijny, un de ses plus fidèles élèves. On y verra se développer, à partir d'un travail collectif d'adaptation du Père Goriot, de Black Majesty, de Crime et Châtiment, quelques unes des idées les plus originales et les plus fécondes d'Eisenstein ; on y découvrira aussi, au fil de ces improvisations brillantes, appuyées sur une érudition sans faille et une préparation minutieuse, un Eisenstein singulièrement vivant, spontané et attentif aux réactions de son auditoire.