Les amants imparfaits

Il y a d’abord trois jeunes faces à leur juge. L’affaire est sérieuse car il s’agirait d’un meurtre. Léo le garçon, et Camille la fille, sont beaux, riches et jumeaux. Raphaël est pas mal non plus mais il est pauvre et un peu empoté, visiblement sous influence. C’est sa voix que nous entendrons : une déposition fleuve nourrit du récit inquiétant d’une amitié précoce et sulfureuse et de ce lien fascinant et mortifère qui présidera à leur(s) vie(s) lancée(s) à vive allure vers l’inéluctable.

Quel talent ! Pierrette Fleutiaux n’est visiblement pas impressionnée par les mystères tenaces qui habitent  l’ado paumé qui lui sert de narrateur. Son écriture plus percutante que jamais étincelle au fil d’une narration sans faille évoquant parfois l’atmosphère étouffante de Ruth Rendell dans « La cérémonie ». Pierrette Fleutiaux se faufile dans les dérèglements de ces gosses lâchés dans une société dont ils n’ont pas intégré les garde-fous et dont ils tentent d’éprouver les limites. L’écrivain ne tire aucune morale de cette histoire et c’est tant mieux. Au lecteur de se laisser conquérir par cette romancière d’exception.