Les argonautiques

Valerius Flaccus

(I^e siècle ap. J.-C.)

Les Argonauticjues

« Roi de Thessalie dès son enfance, Pélias était depuis longtemps la terreur de ses sujets. Mais son repos était troublé par la crainte que lui inspiraient Jason, le fils de son frère, et les oracles menaçants des dieux. Ce fils doit un. jour causer la perte de Pélias : telle est la prédiction des devins.

Il veut prévenir le malheur qu'il redoute, et cherche les moyens et le moment de faire périr le jeune Jason. Le front serein, l'air doux, il aborde le héros, et lui adresse ce discours étudié :

« Accepte une expédition plus brillante que tous les exploits de nos ancêtres... Si j'avais encore mon ancienne vigueur, la Colchide serait déjà punie, et l'on verrait ici les armes et la tête sanglante de son roi. Mais la vieillesse ralentit mon ardeur, et mon fils n'est pas encore d'un âge assez mûr pour commander, et pour affronter les dangers de la mer et des combats. Pour toi, dont l'esprit et le courage sont dans toute leur force, va, jeune héros, rapporte en Grèce la Toison d'or, et montre-toi digne d'une si belle entreprise. »