Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 119 pages
Poids : 200 g
Dimensions : 15cm X 21cm
EAN : 9782911202407
La gauche pétainiste
première partie, Le ralliement du 10 juillet 1940
Quatrième de couverture
La délégation des pleins pouvoirs au maréchal Pétain par l'Assemblée nationale réunie à Vichy le 10 juillet 1940 reste aujourd'hui encore un sujet tabou. Une légende tenace veut en effet que la gauche ait été seule ou presque à défendre la République, tandis que la droite, ravie de pouvoir enfin la détruire, aurait prêté main basse au Maréchal. D'où la canonisation laïque des 80 parlementaires, issus pour la plupart des formations de gauche, qui ont refusé de voter les pleins pouvoirs. Mais l'arbre, malgré ses guirlandes, ne doit pas cacher la forêt: 68% des parlementaires socialistes présents à Vichy ont voté pour le Maréchal, suivis par 82% des radicaux-socialistes et par 90% des autres parlementaires de gauche.
Le traumatisme de la défaite explique l'immense popularité du Maréchal. De surcroît, cette guerre, la majorité des parlementaires ne l'avaient pas voulue et c'est bien pourquoi le gouvernement Daladier l'avait déclarée à leur insu, en violation des règles constitutionnelles. La gauche, plus encore que la droite, avait été viscéralement pacifiste. Au sein de la SFIO, l'évolution de Léon Blum vers le bellicisme avait été sévèrement critiquée par un nombre croissant de ses amis. A Vichy, en ce 10 juillet 1940, une semaine après l'épouvantable drame de Mers elKébir, les va-t'en guerre stipendiés par l'Angleterre n'avaient pas bonne presse...
Le ralliement des parlementaires de gauche s'est opéré tout naturellement: le Maréchal passait pour un bon républicain, dont Léon Blum avait plusieurs fois vanté les mérites, et l'amiral Darlan, fils d'un garde des Sceaux franc-maçon de la fin du XIXo siècle, devait ses plus hautes fonctions au Front populaire et avait affirmé son soutien aux Républicains espagnols. Laval lui-même avait conquis son premier siège de député en 1914 sous la bannière de la SFIO et dirigé un gouvernement avec Édouard Herriot pour ministre d'État.
Cette gauche pétainiste, plus attentiste que collaborationniste, attachée à la personne du Maréchal ou respectueuse de sa légitimité, aucun historien n'a vraiment pris la peine de l'étudier dans sa spécificité. Jean-Claude Valla nous la fait découvrir durant ces journées cruciales de juillet 40. Dans le prochain volume des Cahiers Libres d'Histoire, nous la retrouverons installée dans les rouages et jusqu'au coeur de l'État français, à Vichy.