Les chapeaux de roues

Tout commence par le 15, le numéro des appels au secours, des S.O.S., Save Our Souls, sauvez nos âmes, sauvez la vie comme elle va, pleine des émotions éprouvées sans y penser par une journée insouciante.

Puis le matin déraille, souffle qui flanche, machine en panne à vos côtés. Cette personne avec qui vous prétendez tout partager n'est plus qu'un corps à réparer, une urgence. L'intimité tissée de souvenirs, de plaisirs, de petits riens, se dissout dans l'efficacité des chiffres, des tuyaux, des fils électriques. Vous embarquez pour une croisière à l'issue incertaine, dans le même bateau, voguant vers l'hôpital, quelque part entre attente et impuissance, au diable.

Vous ne comprenez rien aux techniques de la réa, vous savez seulement qu'il vous faut rester là, dans le couloir, à défendre le lien qui vous unit malgré la porte fermée, un attachement plus fort que les électrodes, le masque à oxygène. Contre tous les numéros, vous pariez que la vie va tenir à ce fil noué d'un cœur à l'autre. Qui y croirait, si ce n'est vous ?