Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 233 pages
Poids : 410 g
Dimensions : 16cm X 24cm
ISBN : 978-2-87825-529-4
EAN : 9782878255294
Quatrième de couverture
Les chemins creux du quotidien
Né dans un village, en habitant un autre entre personnages, ramages et usages, Philippe Tabary vit les constats et débats sur un monde rural qui meurt, des zones urbaines en agonie, des liens traditionnels qui s'estompent. De l'école qui ferme aux commerces qui défunctent, de l'estaminet où on refaisait le monde au jardin où l'ordinaire cultivait l'extraordinaire, ou à la poste, fenêtre sur le vaste monde, à l'église, rituel en deçà d'un hypothétique au-delà, une société de l'omniprésence et du lien quotidien semble se dissiper et se désagréger.
Dans ce scénario de l'irrémédiable, un virus improbable, ses interdits et ses inédits ont révélé des mouvements sous-jacents, un renouveau échappant au regard : aux artisans ayant pignon et décibels sur rue ont succédé des ruches de télétravail, espace muet d'action et de création. Mi-rose, mi-morose, une mutation refaçonne nos quartiers : les églises sont fermées, mais on ouvre les fermes, moins nombreuses mais pas moins besogneuses. On déménage pour un rien là où jadis on restait à vie sur son coin de terre, on ignore le charme des chemins creux et des lieux-dits, livres d'histoire à ciel ouvert. Des constructions éphémères s'opposent aux robustes bâtisses éternelles ; on traverse la planète mais plus sa rue ; ainsi se multiplient des communes sans vie commune. Même le cimetière devient simple lieu de passage, pour les défunts comme les vivants : on va au bout du monde mais plus au bout de son chemin. L'exotisme remplace l'affectif, l'épique chasse l'éthique : toujours partants pour la Terre Adélie, jamais le temps pour la tante Amélie. Cet univers de solitudes institutionnalisées a besoin de se recréer une collectivité, un sens des générations, une hiérarchie des révérations. Avant que le Covid de la solitude ne tue l'impavide de la sollicitude !