Les conciles de la France capétienne jusqu'en 1215

Sous la décadence carolingienne et sous les premiers capétiens, l'Eglise a joué un rôle primordial dans l'évolution de la société, rôle qu'elle a exercé surtout par l'intermédiaire des conciles.

Sur une période de trois siècles, les conciles nous font assister à la mise en place de la dynastie capétienne, à la sortie de l'anarchie féodale, à l'importance de l'implantation monastique, à l'instauration de la paix et de la trêve de Dieu, et, vers la fin du XI^e siècle et le début du XII^e, à un renouveau extraordinaire qui, sous les influences successives d'Yves de Chartres et de S. Bernard, aboutit à l'exaltation des croisades, à l'élan religieux des bâtisseurs de cathédrales et, avec la régénérescence de l'épiscopat, à une véritable révolution pastorale.

Les analyses des différents conciles tenus en France entre le X^e et le XIII^e siècle permettent de constater une étonnante évolution, non seulement dans leur caractère mais dans leur conception même, en nous montrant comment l'insertion de l'Eglise dans la féodalité a fait dévier le caractère des conciles en les transformant en assemblées politiques ; comment sous l'impulsion des papes réformateurs, l'Eglise est sortie peu à peu de la féodalité ; comment au puissant pouvoir épiscopal qui a modelé les premiers conciles s'est substitué le pouvoir pontifical, et comment l'oeuvre sociale des conciles s'est manifestée dans la part qu'ils ont eue dans les institutions de paix, dans l'institution des croisades, dans la moralisation du clergé, dans la moralisation des fidèles.