Paru le 15/06/2004 | Broché 228 pages
Les Continentaux
Conte philosophique et roman, ce récit ne peut laisser le lecteur indifférent. Celui-ci pourra parfois voir sa raison raisonnante ébranlée, mais il aura pu savourer, retenir et être envoûté par d'étonnantes visions. Une langue travaillée joue sur plusieurs registres, du lyrique au populaire, mais on est loin d'un exercice de style lorsqu'on suit, dans son errance et sa quête, le pauvre vieux professeur, nourrit de bibliothèques antiques et de rêves furtifs, qui a entrepris son extraordinaire voyage initiatique pour étancher sa soif de certitude et de vérité.
Quittant son étrange collège, il affronte, dans cet univers qui nous paraît fabuleux, mais qui, cependant est le seul qu'il connaisse et puisse concevoir, les interdits, les tabous, les guerres, les mensonges et les simulacres dont tous les hommes sont acteurs et victimes. Il les transcende dans ce monde insulaire, avec ses compatriotes, loin des continents inaccessibles, dont certains supposent l'existence. Les croyants et le clergé disent même ces terres "mythiques", habitées par les Continentaux... Nul ne les a jamais vu, si ce n'est à l'origine des temps. La légende, et le mystère les ont divinisés, ce qui fait évidemment sourire les sceptiques.
Les ruptures dans la construction du texte rappellent Salman Rushdie, le grand écrivain maudit, et, dans certaines visions ténébreuses, passe le fantôme d Edgar Poe. On pense à certains esprits satiriques du XVIIIe siècle, mais qui auraient fréquentés Freud... Les Continentaux, c'est un portrait de l'humanité tracé en touches vigoureuses, évoquant le réalisme mystique du Gréco.
