Rayon Littérature française
Les corbeaux sur nos plaines : un récit

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 199 pages
Poids : 300 g
Dimensions : 13cm X 21cm
EAN : 9782882411594

Les corbeaux sur nos plaines

un récit


Paru le
Broché 199 pages

Quatrième de couverture

Les Corbeaux sur nos plaines

Il y a quelques mois, le hasard a voulu qu'un exemplaire (copie violette, pâle et jaunie, d'un stencil à alcool) de la version originale des Corbeaux sur nos plaines, celle qu'avaient lue, en 1965, Françoise d'Eaubonne et Simone de Beauvoir, celle que je ne possédais plus, refasse surface chez un de mes amis.

J'ai d'abord relu cette histoire presque oubliée par simple curiosité. Enserrée dans une gangue de considérations inutiles, elle était là, prête à être dégagée des scories qui l'étouffaient. J'ai décidé d'essayer. Cette fois, aucune hésitation : j'ai enlevé le prêchi-prêcha, les répétitions, les italianismes, j'ai ralenti un peu le rythme des dialogues, pour, comme l'avait suggéré Michel Dentan, obtenir « un roman, avec ses lenteurs, son relief propre... ». Il ne fallait surtout toucher ni au déroulement ni à l'action. Il fallait simplement être encore plus rigoureux dans l'angle choisi.

Les Corbeaux sur nos plaines a enfin trouvé un éditeur à qui je l'ai soumis timidement, pour ainsi dire symboliquement : j'aurais compris qu'il ne le publie pas. Pour moi, le simple fait d'avoir donné à cette histoire la forme dont j'avais rêvé sans être capable de la réaliser, c'était comme si une affaire laissée en suspens aboutissait enfin. Le sac de regrets et de frustrations que, comme chacun de nous, je porte sur mon dos s'en est trouvé allégé.

Par ailleurs, Les Corbeaux sur nos plaines tombe peut-être à point pour commémorer à sa manière l'Armistice dont c'est le soixantième anniversaire et la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le plus grand carnage du XXe siècle. À sa modeste façon, il rappelle que, de Verdun à Berlin, de l'Algérie au Vietnam, de l'ex-Yougoslavie à l'Irak, ceux qui vivent les guerres n'en sortent jamais indemnes. Quels que soient leur nationalité, leur situation, leur âge, qu'ils appartiennent au camp des vainqueurs ou à celui des vaincus, ils en portent à jamais les stigmates.

En retard, comme d'habitude, Elena s'était glissée dans l'auditoire. Pas de place près de la porte. Discrètement, elle avait traversé la salle, s'était assise au premier rang, avait sorti son stylo et commencé à noter.

À huit heures du matin, il était difficile de se concentrer. Elle avait envie de dormir. Ou d'aller profiter du soleil qui s'annonçait. Son regard errait d'une fenêtre à l'autre, ses pensées dérivaient vers un lit de nuages. Elle était sur le point de recommencer à écrire lorsqu'elle avait eu l'impression d'avoir effleuré un visage familier. Elle avait regardé, encore une fois. Mais où ai-je déjà vu ce type ? Et soudain, l'auditoire s'était pulvérisé.

Max.

Ce n'est pas possible.

Elle était revenue à son cahier, s'était retournée une fois encore. Non. Mais oui, c'est lui. Elle aurait voulu voir son sourire, recevoir le choc brillant de ses dents de fauve. Pour être sûre. Même ainsi, penché sur ses notes, avec sa mèche sombre, son nez long et fin...

C'est lui.

Biographie

Anne Cuneo est née à Paris et vit en Suisse, entre Genève et Zurich. Elle a reçu le Prix des Libraires 1995 pour son roman Le Trajet d'une rivière.

Avis des lecteurs

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