Les deux Pasteur

Pasteur a dit son attachement à sa province et à ses parents auxquels, selon lui, il devrait sa carrière. Pour connaître leur rôle véritable, nous pénétrons dans son milieu familial et scolaire et, au bout du chemin, le jeune Arboisien sera en marche pour Paris afin d'accomplir son destin, c'est-à-dire une oeuvre scientifique considérable.

Bien avant la mort de Pasteur, s'édifia la légende du pauvre tanneur, son père Jean-Joseph, qui se serait saigné aux quatre veines pour subvenir à l'instruction du seul garçon de la famille et permettre à ce jeune génie prédestiné d'arriver aux plus hautes fonctions et de révolutionner la Science, la Médecine et, selon certains, la Société.

La réalité fut différente: négociant à l'aise, Jean-Joseph Pasteur guida parfois durement son fils dans un sens favorable aux intérêts familiaux et rechigna à lui payer de longues études. La volonté de Louis Pasteur en triompha.

On ressent si fortement l'empreinte du père sur le fils dans la correspondance de jeunesse du savant qu'Henri Guillemin me proposa d'intituler un premier essai non publié Les deux Pasteur, le père et le fils. J'ai repris ce titre pour les deux volets de cette histoire: le premier, celui-ci, couvre la vie jurassienne de Pasteur, le second, ses années bisontines et l'envol vers Paris.