Les fourreurs de Kastoria

La ville macédonienne de Kastorià confectionne le tiers des vêtements de fourrure vendus dans le monde. L'ouvrage analyse l'histoire d'une réussite, qui repose sur un système de production à trois étages, à la fois performant et fragile, mais également d'une dépendance au réseau international.

La ville macédonienne de Kastoria a une particularité, peu connue : l'essentiel de ses 20 000 habitants travaille de près ou de loin dans la branche manufacturière des cuirs et fourrures. La fourrure a valu à Kastoria une croissance deux fois supérieure à celle de la Grèce de 1960 à 1980. Trois échelons régissent le système : l'atelier familial travaillant sur place sans délai et au moindre coût, l'aire couverte par ce réseau d'ateliers, véritable usine éclatée, enfin le marché international. Mais si une émigration déjà ancienne a permis une représentation permanente en Allemagne, en France ou aux Etats-Unis pour consolider le réseau d'affaires dont dépend l'économie locale, un complexe échafaudage de sous-traitance et de relations commerciales situe la ville entre deux sphères très inégales. C'est également l'histoire d'une dépendance.

Proche de la frontière albanaise, la ville macédonienne de Kastoriá est située à l'extrêmité nord du territoire grec. Sa particularité, peu connue, est étonnante : la transformation des cuirs et peaux occupe l'essentiel de ses 20 000 habitants, et représente le tiers des vêtements de fourrure vendus dans le monde. Cette industrie a valu à Kastoriá, de 1960 à 1980, une croissance rapide et une aisance surprenante dans une région plutôt asthénique. Une réussite qui repose sur un système de production à trois étages, à la fois performant et fragile : à la base et sur place, l'atelier familial, travaillant sans délai et au moindre coût, puis le "district" local, formé par ce maillage d'ateliers, véritable usine éclatée ; enfin, le réseau international des clients. Cet échafaudage complexe place cependant la ville en situation de dépendance vis-à-vis des donneurs d'ordre. La sous-traitance prend désormais le relais de l'emploi salarié classique au nom de la mondialisation et de la compétitivité.