Les heures lentes

« C'est un instant qui tremble et frémit en silence et s'épanouit en heures lentes. C'est la nuit. Elle s'égare jusqu'en moi et en elle je me perds. Je suis ailleurs ou je suis autre ou je n'existe pas. Elle est ma vie sans moi. C'est la nuit, c'est la désespérance : les heures lents et violentes de l'infini mourir.

La nuit suspendu le mouvement et l'ombre et cueille le silence. Les mots se font mémoire et larmes dans le dédale du mal et de l'obstination à être. C'est la révolte et le désir, la recherche insensée du poème. C'est l'éclosion du rêve et de ses paysages de cathédrales souterraines et de cristaux opales. C'est la nuit scintillante d'étoiles, d'une lenteur d'oubli et d'infini.

Les mots n'ont cessé d'espérer. C'est une promesse d'aube, un frémissement d'être. C'est une certitude, c'est une destinée. Le poème affranchi des mémoires a mis bas notre enfance et sculpte l'éphémère. La nuit s'éveille. C'est un amour qui danse, se pose dans les yeux. C'est la nuit. C'est l'amante des jours, l'amoureuse, la savoureuse. »

Des heures lentes. Denses. De riches heures.

Parmi ces textes brefs, certains jouent avec l'humour, d'autres avec la poésie. Au fil des pages, s'ouvre une fresque d'humanité faite de renversements et de subversion, tel « l'aujourd'hui de l'enfance d'hier ». L'épure du style laisse le lecteur comme devant une « aube maillée de nuit ».