Les incivilités d'un centenaire sétois

« Quand on est vieux, on devient un immigré sur ses propres terres et c 'est tout juste si on ose parler », constate avec amertume Enzo de Pinchahua qui n'a pourtant pas la langue dans sa poche. Il a même tout pour plaire : réac en diable, misanthrope à l'excès, misogyne par tempérament, alcoolique par goût... Ce n'est pas maintenant qu'il va sur ses cent ans qu'il faut lui en raconter à ce fils de courtier sétois qui, au fil du temps de ce siècle sanglant (suivant l'expression de Bernanos) en est arrivé à préférer les bêtes aux gens. Mais qui pourrait lui en vouloir ?

Ce fils de Reiser et de Céline, de Cabu et de Montaigne, de Binet et de Frédéric Dard ayant fait sans doute ses humanités du côté de Groland dit tout haut ce qu'il pense. Et plus il raconte ce qu'il a vécu, plus défilent des scènes pleines de saveurs, des mots colorés d'une palette toute méridionale où se mêlent des expressions jetées avec faconde.

Loin des ouvrages formatés, terriblement ennuyeux et plats, « moimoiistes » à en crever et comble de tout, farouchement sérieux, cet héritier de Rabelais conte avec une ivresse sans nom, dans un style qui nous enchante, le divertissement de ses déboires.
Robert Gordienne

« Toutes les pages vous enivrent ou vous soûlent, très précisément ».
Pierre Drachline