Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 488 pages
Poids : 640 g
Dimensions : 14cm X 23cm
EAN : 9782601033083
Quatrième de couverture
Durant toute la Seconde Guerre mondiale, sur les écrans vaudois, en particulier à Lausanne, se sont affrontés les films des grands pays impliqués dans le conflit. Fictions, actualités et documentaires provenant d'Allemagne, Italie, Etats-Unis, Grande-Bretagne, France et même URSS se trouvaient programmés dans les salles. Comment cette situation exceptionnelle, ces «histoires parallèles» en «temps réel», s'est-elle réfractée dans la réception des spectateurs suisses tenus de rester neutres? Tel est le point de départ de ce travail d'investigation et de synthèse de Gianni Haver.
Du fait qu'on ne peut savoir «ce que se sont dit» deux spectateurs à la sortie d'une salle, on a longtemps tiré argument pour décréter «impossibles» les études de réception au cinéma, vouées, pensait-on, à l'interprétation de l'analyste, voire aux extrapolations de ce dernier se «fantasmant» en spectateur type. Comment G. Haver contourne-t-il cet obstacle et, mieux, en fait-il le levier de son analyse? En déplaçant son point de vue à partir d'une conviction qui nous semble non seulement juste mais décisive au plan épistémologique: la réception est une construction. Son point fort, c'est la triade «programmation, censure, presse», saisie dans les échanges, les convergences, les «modélisations» réciproques, les complicités ou les contradictions qui lient entre elles ces trois instances. A l'intérieur de ce dispositif, il y a un autre «coup» éclairant: le fait que l'on n'envisage pas ici le seul long métrage de fiction auquel, souvent, on réduit le cinéma d'une époque, mais tout ce qui est montré: la publicité, les actualités, les documentaires de première partie, le film...
Ainsi, non seulement cet ouvrage rejoint et enrichit les études sur «l'opinion publique» en sciences politiques, mais il offre un important apport aux études cinématographiques en établissant que la réception est construite par des institutions, des dispositifs discursifs - y compris «l'horizon d'attente» des spectateurs -, c'est-à-dire que le public est «parlé» plus qu'il ne s'exprime. Il en résulte que la place occupée par le cinéma dans la formation de l'information, dans la construction d'un imaginaire national excède largement la fonction de distraction ou de délectation esthétique qu'on lui accorde généralement.
François Albera