Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 338 pages
Poids : 569 g
Dimensions : 16cm X 24cm
ISBN : 978-2-8111-1527-2
EAN : 9782811115272
Les mutations sorcières dans le bassin du Congo
du ventre et de sa politique
Quatrième de couverture
Dans les sociétés bantoues où les relations de parenté constituent le noyau rationnel de l'économie de la vie, toute atteinte à la structure du lignage ébranle non seulement le fondement social des droits et des obligations de chacun mais aussi son rapport au monde. La conséquence immédiate en est le retour du fait sorcellaire qu'un certain africanisme attribue à la dynamique de la modernité africaine ou à l'emprise de la retraditionnalisation. Mais la sorcellerie (kindoki), au sens que les Bantous lui accordent, relève d'une conception derrière laquelle se profile toujours l'armature parentale au coeur de laquelle se trouve la notion centrale de ventre. Au-delà de sa désignation anatomique (vumu), le Ventre symbolise le lignage (moyo), lieu de localisation de la force vitale protectrice du groupe sous la forme d'une substance spécifique, kundu(witchcraft substance), émanation de l'ancêtre dont il assure la permanence, l'ordre et la force de la loi.
En partant de la crise structurelle qui frappe les sociétés matrilinéaires du bassin du Congo, cet ouvrage étudie les mutations sociales et politiques en cours, de leur genèse coloniale à leur expression globalisée contemporaine. Il montre combien le délitement des structures lignagères laisse jaillir toute la souffrance qu'elles canalisaient chez l'individu et comment la société, irriguée désormais par des tensions inédites, aspire à de nouveaux équilibres. D'où le souci de se ressourcer à un idéal-type dans lequel la relation sorcellaire traduit le désir de retrouver un cadre où tout semblait réglé par une force tutélaire. C'est sous l'emprise de cette idéalité, fascinante mais illusoire, que le sujet lignager postcolonial se construit, en reproduisant par la défensive ce que la rapidité des mutations sociales et politiques ne lui permet pas de symboliser.