Les ombres du Léman

« Il ne faut pas se fier à l'eau qui dort », telle pourrait être la devise de cette communauté de pêcheurs, fière de son histoire et de ses traditions, attachée viscéralement à son lac montagnard. Aussi, lorsque Marie, la fille d'Auguste Grangez, abandonne ses études de médecine pour remettre à flot la barque de son père, noyé dans des circonstances troublantes, elle doit faire face à la violence des autres patrons, déterminés à la faire renoncer. Cependant, la concurrence entre pêcheurs n'explique pas tout et la jeune femme est bien décidée à découvrir le secret que les anciens compagnons de son père cherchent à dissimuler...

« Assise contre la paroi du compartiment, Marie était repliée sur elle-même. [...] Le bruit assourdissant du wagon l'empêchait de réfléchir. Sa pensée était rythmée par le bruit des roues du train sur les rails. Elle serrait dans sa main le papier bleu pâle du télégramme. Ses yeux verts, rougis par une nuit de pleurs et de veille, fixaient les paysages alpins sans les voir. Assise dans le sens inverse de la marche, le paysage défilait à l'envers. La vie, elle-même, ne pouvait-elle prendre le même chemin et faire demi-tour ? Elle aurait voulu remonter le temps, revivre les événements joyeux et, bien sûr, oublier les drames. Son père était parfois dur et injuste. Il l'étouffait à force de vouloir la préserver de tous les dangers. [...] Elle s'était toujours demandé ce qui poussait son père à la tenir éloignée du lac. »