Les papys féroces

Lucien, Maurice et Monique ont plusieurs points communs : d'abord, ils sont morts, et ils sont morts vieux. Et puis, ces morts-là refusent de se taire. Ils n'apprécient guère l'épisode tragi-comique qui a mis fin à leurs existences de cheminot, de gendarme en retraite, ou d'ex-tenancière de restau routier, et ils le font savoir.

Il faut dire que tous les trois n'ont pas été très sages dans leur mort comme dans leur vie, contrairement à leurs amis, Raymond et Jeannette, un couple exemplaire, celui-là, qui a tout fait bien comme il faut, de la maison au cimetière, en passant par les vacances en camping-car et le foyer-logement.

Ces trois romans gris mettent en scène des anciens rageurs et revanchards en diable. Leur gris n'est pas terne. C'est un gris éclatant.

« Jamais j'aurais cru mourir comme ça. Moi, je voulais partir dans un éclair éblouissant. J'attendais, j'attendais. Mais je partais pas. J'attendais mon assassin. Mais il ne venait pas. Et ça durait, ça durait... Enfin. C'est comme ça. On choisit pas. Du coup, j'ai eu le temps d'organiser les choses. Dans mes dernières volontés, j'ai même demandé qu'ils passent C'est extra, de Léo Ferré, à la messe d'enterrement. C'est à ce moment-là qu'ils ont tous chialé. Un vrai régal ! »
Momo Nique la Mort (extrait)