Collection(s) : J'intègre
Paru le 01/01/1994 | Broché 368 pages
Prendre le pouvoir : mais que prendre ? Coup d'Etat ? En quelques heures, l'ordre règne, toute résistance est réprimée, la terreur se répand. Mais qui peut confondre l'exercice simple et brutal de la puissance avec le jeu subtil et toujours dissimulé du pouvoir ? Sitôt que la force décline, la puissance cède ; le pouvoir au contraire se prolonge, s'alimentant à la légitimité que lui confèrent les institutions, s'autorisant de l'assentiment implicite de ceux qui lui obéissent.
Double jeu du pouvoir : dissimulé de telle sorte qu'il ne se repère dans aucun lieu exclusif, il est partout c'est-à-dire toujours ailleurs ; ostentatoire, il s'expose autant que possible dans les figures les plus impressionnantes puisqu'il ne détient son efficacité que de son effet sur autrui.
Valeurs du pouvoir ? Négative : toujours décrié par l'opinion au moins ; celui qui en est la victime, celui qui le recherche, celui qui l'exerce, tous sont unanimes à en dénoncer la dimension nocive et corruptrice. Positive, pour la philosophie politique en tous cas : le pouvoir, c'est en son essence même la domination de la raison sur la force, la substitution d'une loi volontaire à une loi subie, l'instrument de la liberté qui sans lui n'est qu'un vœu pieux.
Penser le pouvoir : dans la diversité de ses formes, la variété de ses manifestations et dans l'ambiguïté de ses intentions. Les philosophes ne cessent de nous répéter la même leçon : penser le pouvoir pour ne pas le subir.
Bruno Huisman et François Ribes, agrégés de philosophie, enseignent en classes préparatoires au lycée Claude-Monet et au lycée Carnot à Paris. Ils sont auteurs des Philosophes et le Droit (1988), des Philosophes et la Nature (1990) et des Philosophes et le Corps (1992).