Les proies de l'officier

«- Le corps a énormément saigné, donc nombre de blessures ont été réalisées avant le décès...

- On l'a mutilée alors qu'elle était encore en vie ?

- Une plaie infligée post mortem laisse s'écouler peu de sang puisque le cœur ne bat plus.

Le chirurgien des armées se pencha jusqu'à ce que son visage frôle celui de la victime. On aurait dit un amant embrassant une dernière fois son aimée. Margont transpirait, des petits points scintillaient devant ses yeux.

- Malaise d'origine nerveuse... marmonna le chirurgien. Pas elle, toi. Assieds-toi par terre ou tu vas t'écrouler.

Margont obéit docilement.

- Pourtant, j'en ai vu des corps abîmés...

- Oui, mais c'était la guerre. Ici, nous sommes à la lisière d'un autre monde.»

Juin 1812, Napoléon lance une armée de quatre cent mille hommes à la conquête de la Russie. Sur la route qui les mènera à Moscou, entre les batailles d'Ostrowno et de la Moskova, un officier de la Grande Armée tue sauvagement des femmes.

C'est au capitaine Quentin Margont, jeune officier humaniste et idéaliste, que Son Altesse le prince Eugène demande de suivre - fort discrètement - cette piste sanglante.