Les relations des pays d'Islam avec le monde latin

Bien qu'elles se soient nouées au milieu du VII^e siècle, les relations entre les pays d'Islam et les pays latins ont pris dès le début du X^e siècle une intensité et une densité qui n'ont cessé de s'enrichir et de se diversifier jusqu'à nos jours. A l'époque médiévale, elles ont connu toutes sortes de modalités. Les croisades en sont l'aspect le plus spectaculaire, mais il n'est pas le seul. Les relations entre Etats se sont poursuivies dans une grande régularité dont les sources, traités et conventions, nous donnent maints témoignages. Le milieu du XIII^e siècle marque un tournant sensible dans l'évolution de ces relations qui tient aussi à l'histoire interne des Etats musulmans et Iatins. Mais les liens nécessaires qui se sont tissés entre les communautés installées autour de la Méditerranée, interface naturel entre l'Orient musulman et l'Occident latin, ne pouvaient se limiter au dialogue des Etats. Ils ont nourri dans la réciprocité celui des individus et des sociétés. La circulation des hommes et des biens qui n'a fait que croître par le commerce et la production d'objets et de denrées complémentaires a favorisé le renouvellement de techniques et de besoins. L'expansion économique qui en est résultée a servi de tremplin à l'essor du capitalisme moderne, ce qui n'est pas un de ses moindres effets. S'y est associé l'échange des idées, sur le plan intellectuel et religieux, comme sur celui des modes d'expression de la sensibilité dont bien des traits se retrouvent dans la langue, la littérature et l'art en général.

C'est donc un fait de civilisation de première grandeur qui s'est forgé au cours des siècles pour former un ensemble dont bien des signes sont encore sous nos yeux. Le présent ouvrage tente de rendre compte de tout cela, saisi dans une des périodes les plus fécondes de son élaboration, celle qui va du X^e siècle au milieu du XIII^e siècle.