Les rumeurs du gave

Peyregave est coupé en deux par la ligne de démarcation et ses habitants sont usés jour après jour par l'Occupation. À l'auberge des Charmilles, le courage n'a pas encore fui Marthe et ses enfants, qui se démènent pour cacher des réfugiés et résister aux Allemands. S'ils veulent toujours croire à des jours meilleurs, la guerre n'épargne personne et révèle les caractères de chacun, lâches ou audacieux, dignes ou misérables.

« Dans la douleur, les hommes se révèlent tel qu'en eux-mêmes. Les bons et les mauvais, et ceux qui naviguent entre deux eaux. »

Pendant la journée, la vie de la bourgade paraissait tranquille, presque normale si ce n'était cette lourdeur de l'air chargé d'angoisse et de tristesse confuses. La nuit, une activité de fourmilière s'éveillait. Dans la campagne, sur les berges du Gave, dans les caves, les greniers, un peu partout, des ombres circulaient, on murmurait, on filait le long des murs ou à l'abri des bois. Peyregave était un point névralgique sur la ligne de démarcation, des centaines de candidats au passage s'y retrouvaient pour tenter d'échapper aux griffes de la guerre.