Les sabots rouges

Les sabots rouges

A vingt ans, j'avais quitté mon Gâtinais natal pour m'installer en Languedoc. Il fallut la mort de mon père, vingt-cinq ans plus tard pour que le passé brusquement m'envahisse et m'obsède. J'étais près de ma mère, dans la maison de Châlette, au coeur d'un paysage d'eaux lentes et de brumes. Les souvenirs affluaient : mon histoire, ma préhistoire. Pour combler les lacunes, j'interrogeais les vivants, j'invoquais les morts. J'explorais greniers et tiroirs, y glanant un maigre butin de photos, de lettres, d'objets à partir desquels l'imagination pourrait bâtir. J'avais aussi les Mémoires de mon oncle, Georges Beaudenon : Une vie de chien fou, qu'il écrivit à quatre-vingts ans, après avoir fermé sa boutique de sabotier, rue du Loing, à Montargis. Je rapprochais les pièces du puzzle, des scènes apparaissaient, des personnages : paysans pauvres charbonniers, sabotiers dans d'obscurs villages, ouvriers, institutrices : tous portés par de belles passions pour l'anarchisme et pour les livres.

Les sabots rouges est le récit au jour le jour de cette quête des origines et d'un peuple profond, trop souvent laissé pour compte par la littérature et l'histoire.

Ce livre, je l'ai placé sous le signe du coeur. J'en prends le risque.