Paru le 01/01/2002 | Broché 318 pages
Etudiants
édition Centre d'étude du patrimoine linguistique et ethnologique de Champagne-Ardenne
Les daillements qu'échangaient aux fenêtres des veillées garçons et filles du Pays lorrain n'ont cessé d'intriguer ethnographes et folkloristes depuis le milieu du XIXe siècle. Aujourd'hui, les spécialistes de littérature orale s'interrogent à nouveau sur la signification et le contenu de ces échanges nocturnes, qui mêlent de façon déconcertante satire, scatologie et galanterie et s'inspirent de toutes les formes enfantines de l'oralité traditionnelle, comme sur les relations qu'ils entretiennent avec les dits et ventes d'amour médiévaux, dont ils sont tenus, par la tradition médiéviste, pour les formes abâtardies.
Le présent ouvrage rassemble plus de 620 daillements, en patois ou en français, recueillis aux quatre coins de la Lorraine par les ethnographes du XIXe, et qui, dispersés le plus souvent dans des monographies de village, des revues folkloriques, des documents manuscrits ou ronéotypés etc., n'ont pour la plupart jamais été portés à la connaissance des spécialistes ou du grand public.
L'auteur, dans la perspective de l'ethnolinguistique et de l'ethnologie de la France, situe ce rituel langagier dans le système social et symbolique des sociétés villageoises lorraines traditionnelles, mettant en lumière la dimension à la fois individuelle et collective de l'événement, tout en soulignant la richesse sémantique de sa mise en œuvre et de son contenu langagier. A la lumière du corpus rassemblé, elle propose en outre de reconsidérer la question des relations entre les textes savants médiévaux et les formes folkloriques.
Débarrassée du discours ethnographique, saisie dans la parole paysanne elle-même, la vision du monde des paysans lorrains des trois derniers siècles s'affiche ici dans toute sa crudité et sa splendeur symbolique. Amusants, absurdes, choquants parfois, les daillements nous convient à un voyage au cœur de la culture paysanne traditionnelle, à travers ce qu'elle a sans doute de plus vivant et de plus saisissant.
Sylvie Mougin, née en 1960, est agrégée de Lettres et ancienne élève de l'Ecole Normale Supérieure de Sèvres. Elle a soutenu en 1989, à Nancy II, une thèse sur les pratiques et les représentations de la parole dans la société lorraine traditionnelle. Maître de conférences en linguistique à l'Université de Nancy II, puis à l'Université de Reims Champagne-Ardenne, elle mène des recherches en ethnolinguistique et sociolinguistique du domaine gallo-roman.
