Les voix intérieures

Robert Desnos, né à Paris en 1900, passe son enfance dans le quartier populaire des Halles où son père est mandataire. Son imagination se nourrit aussi bien des images du Petit journal ou de L'Épatant que des romans de Gustave Almard ou de Victor Hugo. Lecteur passionné des poètes, il refuse absolument de suivre la carrière paternelle, décide de se consacrer à la Littérature et vit tant bien que mal de petits boulots. En 1922, il fait partie des jeunes gens qui, autour de Breton, vont lancer le Surréalisme. Il pratique alors sans réserve l'écriture et le dessin automatiques, et «parle surréaliste à volonté». Toutefois, rebelle à la discipline de groupe qu'impose Breton, il rompt avec lui en 1930, et publie Corps et biens, bilan de ses années surréalistes. Il est alors journaliste, dans divers quotidiens, dans lesquels il écrit des critiques passionnées de disques et de films. De 1933 à 1944, il expérimente avec bonheur les possibilités de la radiophonie, mêlant avec humour à la culture populaire toutes les musiques, toutes les littératures, au point qu'il est assurément l'un des inventeurs de la Radio. La guerre interrompt son émission phare, La Clef des songes et il embrasse à nouveau la poésie. Ce sera Fortune en 1942, État de veille en 1943, Chantefables en 1944... Il est toujours journaliste, pour Aujourd'hui, journal soumis à l'occupant, mais il est un agent de renseignement pour le réseau Agir... ce qui lui vaut d'être arrêté, le 22 février 1944, puis d'être déporté en Saxe, à Flöha. Il meurt au camp de Terezin le 8 mai 1945, fidèle à lui-même: Ce n'est la poésie qui doit être libre, c'est le poète.