Lettres de prison

Quelque chose de pire que la mort

La correspondance clandestine [de Régis Messac] est bien moins terre à terre qu'on ne peut le penser : la nourriture terrestre et littéraire que ces lettres réclament sont, je l'ai aussi vécu, le fin du fin d'un prisonnier qui veut conserver sa dignité d'homme dans l'enfer d'une cellule. (...)

Bien entendu, la dernière et la plus longue lettre retrouvée garde son aspect quasi-testamentaire. Elle retrace le moment du jugement qui nous fait ou nous a fait passer à travers le monde partisan de certains juges. J'ajouterai ce que j'ai entendu, comme [Régis Messac] a du l'entendre, l'affirmation des SS au moment de la déportation : « Vous allez maintenant connaître quelque chose de pire que la mort ». En effet, nous l'avons connu.

[Régis Messac] a connu le régime nazi des NN (Nacht und Nebel) réservé aux intellectuels. Je n'insisterai pas sur ce détail.

Je suis bien heureux de conserver ce livre de Régis Messac - révolutionnaire suspect à tous les apôtres d'un ordre nouveau - sur ma table de chevet.
Fabien Lacombe