Lettres intérieures

Une jeune femme de trente-trois ans, voudrait faire son entrée dans le monde littéraire. Parallèlement, elle vit un amour partagé. Ayant un premier roman à terminer, elle quitte brusquement Paris pour se retirer dans sa maison de Champagne. L'amant, lui, est en Italie pour le tournage de la Vita Nova de Dante. Bientôt cet amour qu'elle pensait «sans histoires» en viendra à submerger la studieuse solitude. Comment conjuguer amour et littérature, vie et œuvre, image et texte ? Jusqu'à quel point deux solitudes doivent-elles se fondre et se défaire ? L'urgence du roman à mener à bien s'évanouira devant la profonde nécessité de dire, coûte que coûte, ses sentiments. Le livre qui, lettre après lettre, s'écrira au fil des jours et des nuits passés en villégiature, sera celui de cet amour absolu qui l'attache à l'être aimé.

«Mon être était le théâtre d'une hécatombe secrète qu'il m'était impossible de me dissimuler plus longtemps. Je me retrouvais seule, égarée, sur le sentier escarpé de cet amour qu'il m'avait plu d'approfondir sans prévoir la moindre voie de dégagement. Même si, alors que je t'écris, je ne vois pas d'autre chemin qui vaille que celui des mots, je me souviens d'avoir eu peur de ne plus m'appartenir.»

Cette nouvelle saison d'amour inaugurée par ces lettres intérieures rédigées au cœur d'une époque et d'une société d'où les sentiments sont exclus permettra à la narratrice, parce que sa voix fut plus puissante que tous les raisonnements du monde, de rendre accessible à l'autre son imaginaire. «Je me tenais au seuil de l'écriture, celui de l'accomplissement pressenti. Aucun arrachement extérieur n'aurait pu enfreindre ce surplus d'existence qui m'habitait. Allais-je avoir accès à cette parole d'amour inaugurale ?»