Liens de sang

« En déboulant dans ma tête d'écrivain, Diego Le Matt commença à me raconter son histoire en termes vagues, sans indication de date ni de lieu. Il disait n'avoir aucun passé, ni aucun avenir. Mais il était dans l'urgence.

« Il avait beau se montrer déterminé, j'avais autre chose à faire que de m'occuper de lui. Il a insisté. Pour me convaincre, il a lâché ce qui lui tenait à coeur : chaque homme doit pouvoir changer le cours de sa vie. Il cherchait quelqu'un pour donner un sens à cette phrase. C'était pour lui une question de vie ou de mort.

« Quand on part à la recherche de son passé, il arrive qu'un homme tel que lui tombe sur un patron de la mafia, sur un secret militaire ou sur une femme désirable et intouchable. Je l'avais mis en garde : rien n'est jamais simple dans ces histoires humaines ! Surtout pour un homme qui dit ignorer la peur, et qui croit qu'aimer est une faiblesse.

« Je lui ai demandé si je pouvais situer l'action à Marseille, puisque j'y vis.

« Oui, a-t-il dit, Marseille, c'est bien. »
Edmond Zucchelli