Loin d'Ardenne

René Henoumont retrouve ici le ton incisif du Vieil Indien, la saveur de La Boîte à tartines et la verve de Café Liégeois. Julien, son héros, est présent tout au long de cette suite, des premières vacances d'écolier jusqu'à la maturité. Enfant, Julien s'étonne que les adultes mentent aussi (Le Bâton). Adolescent, il découvre tout à la fois l'éveil des sens, le tabac et l'alcool (Hubertine) ; la guerre menace lorsque Julien flamble au lycée pour un professeur pas comme les autres (Monsieur Berger).

On retrouve Julien, adulte, chassant en compagnie de Zidore, terreur des braconniers (Une Bonne leçon). Que fait Julien la nuit lorsque son épouse Emilie s'absente ? Il se transforme en un bien étrange tueur (La Nuit). Mais le temps passant, la chasse a changé et, lors d'une battue aux faisans, Julien, écœuré par le massacre, s'interroge (Le Village Indien). Mieux vaut planter des rosiers et créer un jardin anglais (Le Soleil de Californie). Hello Brett n'est pas un pastiche d'Hemingway : Julien a rencontré à Paris Véra, princesse russe, qui se prend pour la célèbre lady Brett du Soleil se lève aussi. La Peur et Le Faucon mutilé nous ramènent dans la vallée perdue de Picardie où Julien et Emilie se sont retirés, loin de l'Ardenne.

Dans la tradition des grands conteurs, René Henoumont témoigne de son temps ; le temps, personnage principal de ce livre. Jamais on n'aura condamné la chasse industrielle et la nature domestiquée avec autant de vigueur que dans ces récits où passe la nostalgie des terres d'enfance à jamais perdues.