Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 186 pages
Poids : 270 g
Dimensions : 15cm X 21cm
ISBN : 978-2-88182-704-4
EAN : 9782881827044
Matines de l'oiseleur
Quatrième de couverture
Le merle se tient tranquille et ses pupilles sombres brillent. Je me mets aussitôt à songer : il doit être en train de mourir, nul n'est au courant de son existence, par peur de la mort il est venu se terrer sous ce fauteuil, et depuis que je joue dans cette pièce, il était là, sans un bruit ! Il ne faut pas trahir son secret. Le jour suivant, sous le fauteuil, les deux iris jaunâtres luisent toujours, je me couche devant l'oiseau, il n'a qu'un bref sursaut. Ma mère s'étonne de me voir couchée par terre durant des heures, immobile, silencieuse, mais pourquoi ouvre-t-elle sans cesse toutes les fenêtres ? Jusque tard dans le froid du soir, je tiens ma position face au fauteuil ; dès le matin j'y retourne, encore en chemise de nuit ; le troisième jour, les fenêtres sont à nouveau grandes ouvertes, je m'agenouille devant le fauteuil vert mousse et découvre, comme frappée au coeur, le vide entre l'assise ventrue et le tapis. Incrédule, je parcours cet espace de mes mains, telle une aveugle, à la recherche du contact des plumes, ou alors dans l'espoir de retrouver un peu de la chaleur que le merle avec sa petite poitrine frémissante a bien dû laisser sur le tapis. Rien.
Une ville au bord d'un lac. Au milieu d'une baie que bordent des rangées d'hôtels, une construction en bois se dresse. Elle est la reproduction d'une tour d'oiseleur dont les montagnes alentour étaient pleines jadis. Les autorités de la ville veulent en faire une attraction touristique, dotée d'un gardien qui serait en même temps un guide afin d'expliquer aux visiteurs l'ancien dispositif de capture des oiseaux au moment des migrations.
La vie dans la tour s'effectue au rythme des livraisons anonymes et quotidiennes d'une ration toujours identique de polenta ; une règle stricte ne laisse rien au hasard, nombre de visiteurs admis, horaires. Ceux-ci, monastiques, prescrivent des sortes de matines.
L'héroïne qui obtient le poste de gardienne et avec laquelle on glisse dans le récit va peu à peu, au fil des jours, faire se lézarder ces règles. Entre cauchemars peuplés d'oiseaux et souvenirs oniriques, tout est sujet à métamorphose pour faire vivre un passé et un présent où la nature et la cruauté sont liées, comme les oiseaux et ceux qui les captent.