Maurice de Vlaminck

Atelier Grognard

Un site empreint d'histoire et un lieu d'exception

L'Atelier Grognard, situé à 100 mètres du Château de la Malmaison, accueille les expositions organisées par le service des Affaires culturelles de la Ville de Rueil-Malmaison.

Cette ancienne fabrique de plaques de cuivre, zinc et étain pour la gravure en taille douce et la photogravure, ainsi que la gravure décorative des faiences et porcelaines, a été construite en 1880 et appartenait à monsieur Bridault, gendre de monsieur Hervet qui était alors maire de Rueil-Malmaison. Elle faisait alors partie du parc de la Malmaison. Elle a conservé le nom de l'un de ses anciens propriétaires.

Réhabilité en 2001, ce lieu préserve le charme et le caractère des sites industriels reconvertis avec le respect des matériaux d'origine : le fer et le verre.

De prestigieuses expositions ont été organisées depuis : les grands formats de la collection du fonds régional d'art contemporain d'Île-de-France, la collection d'art contemporain de la Société Générale, l'art photographique d'André Kertész, de Jacques-Henri Lartigue, de Marc Riboud, les oeuvres de Dali, de Chagall, du peintre-graveur Weisbuch, des peintres visionnaires, de Leonor Fini, les gravures et sculptures de Miró, Reflets de la Seine impressionniste, l'oeuvre gravé de Jean Dubuffet, les peintres impressionnistes et postimpressionnistes de l'École de Rouen, Abstractions 50, Les peintres de Pont-Aven autour de Gauguin, les peintres de Provence.

Maurice de Vlaminck à Rueil-Malmaison (1902-1914)

Maurice de Vlaminck a 26 ans quand, venant de Chatou, il arrive à Rueil-Malmaison en 1902. Il y restera 12 ans. Il est marié depuis six ans et a effectué trois longues années de service militaire. Deux petites filles sont nées, Madeleine et Solange. Une troisième, Yolande, naître à Rueil en 1905.

La vie est difficile. Vlaminck est pauvre, gagne sa vie en donnant des leçons de musique qui est sa première expression artistique, joue dans des orchestres, écrit et peint dans la journée. Il n'a encore, ni exposé, ni vendu aucune toile.

Depuis l'adolescence il peint avec passion les paysages de la vallée de la Seine qu'il parcourt à bicyclette ou à pied dans de longues randonnées pour trouver le motif, amoureux des champs de blé, des coteaux plantés de vignes, des terres maraîchères de Nanterre, des vergers, des bois de châtaigniers et de l'étang de Saint-Cucufa, des villages. Il pose son chevalet à hauteur du Pont de Chatou, côté Rueil, non loin de la maison Fournaise et du garage à bateaux. Il peint les voiliers et les canots sur la Seine, et ne manque pas de participer aux régates où il eut l'occasion de se distinguer sur un canot d'Alphonse Fournaise. Rueil-Malmaison est alors une bourgade rurale d'environ dix mille habitants.

Vlaminck y aura six adresses avérées. Son père professeur de musique est venu de Chatou pour habiter Rueil où on le trouve dès 1903. Robert, un frère de Vlaminck, s'y maria et ses beaux-parents vivaient à Chatou. C'est un peu l'image de vie d'une famille dans un village. En dépit des difficultés Vlaminck savait rendre la vie joyeuse ; il accueillait généreusement ses amis, Derain, Apollinaire et plus tard le collectionneur et marchand d'art Daniel Kahnweiler (pour ne citer que ceux-là. Ce dernier ne voulait sous aucun prétexte manquer un dimanche dans la maison du peintre à La Jonchère.

L'horizon s'éclaire lorsque Vlaminck, avec quelques autres, se fit connaître au Salon d'Automne de 1905 (en particulier par l'emblématique tableau Étang de Saint-Cucufa). Mais les difficultés financières et la gêne vont durer encore quelques années. Et c'est en 1910 que Vlaminck peut enfin vivre de sa peinture et abandonner les leçons de musique. C'est donc quand il était à Rueil-Malmaison, que Vlaminck, cet enfiévré de peinture et de vie, connut la reconnaissance et une vie meilleure.

C'est quand il était à Rueil-Malmaison, qu'il découvrit la statuaire primitive (bien avant Picasso). C'est de Rueil-Malmaison qu'il partit sans enthousiasme peindre les bords de la Tamise et le sud de la France.

C'est à Rueil-Malmaison qu'il connut sa deuxième femme, Berthe Combe, née dans cette ville où son père était charron puis carrossier.

Et c'est à Rueil-Malmaison encore qu'il enseigna le violon ou jeune William Clochard qui apprit à peindre auprès de lui, le suivit en tout, se coulant admiratif dans l'ombre de son grand homme jusqu'à devenir lui-même peintre !