Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 40 pages
Poids : 80 g
Dimensions : 12cm X 21cm
ISBN : 978-2-8071-0318-4
EAN : 9782807103184
Quatrième de couverture
Fils 2 : Paraît que tu n'es pas venue voir l'autre, mardi.
Mère : Hum !
Fils 2 : C'est pas cool, maman !
Mère : Parce que toi, tu trouves qu'il y a quelque chose de cool à venir vous voir ici ? Tu as cru que vous étiez une distraction ? Un moment de plaisir ? Tu vois, toi, quelque chose de cool dans ce maudit parloir ? Dans tous tes calculs, ça ne t'arrive pas de penser qu'une maman aussi a le droit de péter les plombs. Avec tous tes projets, tes comètes sur la lune, tes petites répétitions pour faire bonne figure devant le juge, tu as du mal à voir et compter à combien se chiffre le dégoût sur mon visage. Je ne suis pas venue voir ton frère, et alors ? C'est un crime ? Tu veux me passer les menottes ? Me faire une place dans ta cellule ? Demander au juge d'alourdir ma peine ?
Fils 2 : C'est bon, maman, calme-toi. Ici c'est une prison. Pas besoin de te donner en spectacle. ... C'est vrai qu'on a merdé, maman, mais tu dois rester solide. Tu es la fenêtre qui nous laisse entrevoir dehors. Quand tu viens pas, tu tues l'espoir.
Mère : Je vais te confier un secret. La fenêtre est fatiguée. Ses vitres sont brisées. Y a plus rien à voir.
Fils 2 : Ramène pas tout à toi, maman. Lui aussi, tu l'as brisé. Tout le monde parle ici, maman. Ça jase. Tu as fait pleurer ton fils. Quelle mère ferait ça ?
Deux fois par semaine, elle attrape son courage, l'attache à ses reins, monte dans le bus et se rend au parloir. Le mardi, pour son premier fils. Le jeudi, pour le cadet. L'un impliqué dans un crime, l'autre dans une affaire de drogue.
Ces deux-là attendent tout d'elle, de cette mère qu'ils accablent pourtant de reproches. Normal : quand on est en prison, il faut bien un exutoire, quelqu'un sur qui crier sa rage. Elle accepte ce rôle vertige... comme bien d'autres mères qu'elle croise.
Le troisième fils, lui, n'est pas en prison : il l'attend à la maison en s'acharnant sur sa console de jeux avec une rare violence. Ce n'est pas un mauvais gars, non, mais il ne veut pas grandir de peur de ressembler aux deux autres.
Jusqu'où cette femme, coincée entre boulot, bus, parloir et reproches, acceptera-t-elle d'aller ?